Le Charme discret de la bourgeoisie Ecran Classic

Film français de Luis Buñuel, sorti en 1972.

Acteurs principaux : Fernando Rey, Paul Frankeur, Delphine Seyrig, Stéphane Audran, Bulle Ogier & Jean-Pierre Cassel

En 1963 Luis Bunuel eut l'occasion d'adapter au cinéma un livre qu'il aimait beaucoup, Le Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau. Pour l'occasion il désire collaborer avec un scénariste français et débuta ainsi une collaboration qui dura 19 ans avec le scénariste Jean-Claude Carrière. Etant donné la qualité et la diversité de l'oeuvre de Bunuel il est très difficile de désigner une période comme la plus forte mais cette collaboration créa d'incroyables chefs d'oeuvres dont Le Charme discret de la Bourgeoisie, sans doute la plus emblématique.
Car en 1970 Bunuel, qui sortait du tournage de Tristana, souhaitait arrêter le cinéma car il trouvait qu'il se répétait trop. Il fit part de cette angoisse à Carrière et, espiègles comme d'habitude, ils décidèrent justement d'élaborer tout un film autour du concept même de la répétition. Peu après Bunuel discuta avec le producteur Serge Silberman qui lui raconta l'anecdote qu'une fois il avait invité des amis à dîner mais ayant par la suite oublié l'invitation il n'était pas chez lui ce soir-là et ses amis furent reçus par sa femme en chemise de nuit. L'idée travailla le duo de scénaristes qui décidèrent de focaliser la trame de leur film sur un groupe d'amis qui n'arrive jamais à terminer le dîner qu'ils entreprennent, une idée d'autant plus maligne qu'elle renvoie directement à l'intrigue de L'Ange Exterminateur que Bunuel réalisa en 1962 dans lequel les invités d'une soirée ne peuvent justement plus quitter la pièce.
Pour la première fois de sa carrière Bunuel put avoir un retour vidéo pendant son tournage ce qui, en plus de l'angoisse de la répétition, l'incita à varier sa mise en scène, intégrant beaucoup plus de zooms et de mouvements de caméra qu'auparavant.
Le film fut un succès aussi bien en Europe qu'aux Etats-Unis où il gagna même l'oscar du meilleur film étranger, que Bunuel, toujours égal à lui-même, n'alla même pas cherché.